LES PÉPINIÈRES EUROPÉENNES POUR JEUNES ARTISTES À MONS
UN LABO PARTICIPATIF POUR LES CULTURES NUMÉRIQUES
Depuis 2010, Transcultures est coordinateur des Pépinières européennes pour jeunes artistes pour la Fédération Wallonie-Bruxelles. En concordance avec les compétences et les missions de Transcultures, Centre des cultures numériques et sonores, nous avons choisi d’orienter les Pépinières à Mons vers ces nouvelles hybridités qui bousculent les codes et les modes de représentation. Le projet Smells like Mons Spirit a été sélectionné à l’automne 2011, parmi des dizaines de candidatures internationales issues d’horizons différents. Sa dimension prospective et participative a séduit un jury composé de partenaires et de professionnels des arts contemporains et numériques. Pendant ses trois mois de résidence montoise, de mi-novembre 2011 à fin février 2012, Damien Bourniquel s’est attaché à s’ancrer dans un territoire en auscultant sa vie culturelle mais aussi et surtout ses habitants, ses représentations et ses talents. Suivant cette démarche ouverte et collaborative, il a sollicité des étudiants de l’Ecole Supérieure des Arts Plastiques et Visuels (qui fait partie de la nouvelle entité Arts2, par ailleurs partenaire de Transcultures).
À travers des performances (au Bateau Ivre), présentations (à Arts2) et « try out » (au Frigo), Smells like Mons Spirit a exploré diverses déconstructions, associations/dissociations pour finalement être présenté au public et aux professionnels ce 24 février à la Machine à Eau. Cette multi-performance dite de « databending » (sorte de clash de données sonores et vidéo) est donc le fruit de divers collaborations, entre Dadadata (Damien Bourniquel et son complice Matthieu Junquet) et ce collectif Les Images Audacieuses qui regroupent 4 étudiants/jeunes artistes AV/numériques basés à Mons avec l’apport de la performeuse/vocaliste Laurence Moletta alias Nios Karma.
Smells like Mons Spirit et plus généralement la démarche de Damien Bourniquel/Dadadata pose la question du rapport image/son à l’ère du chaos global, de l’accident à la fois dévastateur et créateur, de la liberté du spectateur bombardé de signes, de la différence (au sens derridien, un mouvement producteur de différences et issus de leurs jeux) et d’une écriture performative faisant de paramètres technologiques détournés et des données numériques des instruments.
Smells like Mons Spirit sera un instant dans un continuum – et cette vision à plus long terme est aussi une marque de réussite – au-delà de cette résidence, de ces rencontres, débats, remises en question, des petites peurs et des grands enthousiasmes mais ce moment est surtout important pour Damien et ses invités ainsi que pour l’équipe de Transcultures qui l’a accompagné tout au long de son séjour, car il est une balise dans une recherche artistique qui en restera marquée et dynamisée pour aller plus loin. C’est en cela aussi qu’il s’inscrit parfaitement dans les objectifs croisés des Pépinières européennes pour Jeunes Artistes et des Transcultures.
Philippe Franck, directeur